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Date : 26-02-2024 17:09:33
Interrogé sur la proposition d'Emmanuel Macron d'instaurer des "prix planchers" pour protéger les revenus des agriculteurs, Jordan Bardella s'est montré sceptique, "si vous déterminez un prix plancher au niveau français, alors on ira se fournir sur le marché européen. Si vous déterminez un prix plancher au niveau européen, alors on ira se fournir sur les marchés internationaux", a-t-il assuré.
"C'est comme le Smic européen, c'est une chimère", a-t-il estimé au micro de Wendy Bouchard. "Je n'ai pas bien compris" l'idée du chef de l'État, a-t-il ajouté précisant : "Moi, je pense que quand il y a une distorsion trop importante dans la négociation entre les producteurs et les gros, les gros industriels, eh bien l'État doit jouer son rôle d'arbitre. Je ne vois aucune autre solution", a-t-il tranché, plaidant plutôt pour "renforcer les contrôles" sur la grande distribution "pour une meilleure répartition de la marge".
"Une loi mangeons français"
"Je défends l'idée d'une loi mangeons français qui relève du patriotisme économique", a insisté le président du Rassemblement national. "Je pense que la commande publique, que les marchés publics, que notamment la restauration collective, peut être un levier important d'efficacité sur les marchés."
"Je vous donne un exemple concret : aujourd'hui, pour donner une priorité d'accès dans la commande publique et notamment dans la restauration collective des collèges, des écoles, des lycées, au niveau d'une municipalité ou d'un collège, c'est très compliqué parce que vous dérogez aux règles européennes et notamment à cette règle de la concurrence libre et non faussée", a-t-il expliqué.
"Nous, on souhaite le patriotisme économique et on souhaite que dans la commande publique, les agriculteurs français et les entreprises françaises puissent avoir une priorité d'accès. Et je pense un peu plus largement que pour soutenir nos productions et pour soutenir nos producteurs, il faut améliorer l'étiquetage des produits. Nous, on souhaite faire des efforts en ce sens, y compris sur les produits transformés, ce qui n'est pas fait aujourd'hui et ce qui pénalise, de l'aveu même de nos agriculteurs, les productions françaises."
"Souveraineté agricole"
"Plus que jamais, la souveraineté alimentaire et la souveraineté agricole doit être et demeurer un objectif politique", a souligné le président du RN, estimant "que les gens qui sont au pouvoir ne croient plus dans l'agriculture française et qu'ils considèrent précisément que nous devons dépendre quasi exclusivement de produits importés".
"Les dirigeants politiques qui se sont succédé à la tête du pays comme à la tête de l'Union européenne ont commis une faute économique très lourde en prônant depuis une décennie la décroissance agricole, a jugé Jordan Bardella. Cette décroissance agricole, elle s'exprime au travers de la signature de tout un tas de stratégies au niveau européen, la stratégie de la ferme à la fourchette, le Green deal, le Pacte vert qui prévoit précisément dans les prochaines années la baisse des rendements agricoles de 10 à 20%, la baisse du nombre de cheptels et la baisse par conséquent des rendements agricoles". Selon lui, cette stratégie, "dans une période et dans un monde de plus en plus incertain, est une erreur et que plus que jamais, la souveraineté alimentaire et la souveraineté agricole doit être et demeurer un objectif politique".
Pour que la France demeure "une puissance agricole" protégée de "la concurrence internationale déloyale", "on a besoin de plus d'Europe", a-t-il conclu. Mais "l'Europe doit être un bonus et l'Europe ne doit pas être un boulet" pour bâtir un "patriotisme économique", selon le patron du RN qui milite pour un "juste échange", plutôt qu'un "libre-échange" en empêchant "l'importation au sein du marché commun et sur le sol français de produits qui ne respectent pas les normes imposées à nos agriculteurs français".
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