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Date : 30-04-2024 14:11:15
Un directeur d'école de Neuilly-sur-Marne assure être menacé par un collectif local pour avoir soutenu le port de l'uniforme dans son école primaire. Il ne s'est pas rendu dans son école ce lundi 29 avril. Le ministère de l'Éducation nationale, qui prend l'affaire au sérieux, a déposé plainte et lui a octroyé la protection fonctionnelle.
Depuis quelques jours, le directeur de l’école élémentaire André-Chénier de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) est visé par des tracts émanant d’un « Comité de défense de l’école publique de Neuilly-sur-Marne ». Ces derniers qui ciblent Nicolas Bourez, figure de ce quartier sensible de Seine-Saint-Denis, l’accusent de nourrir « une obsession anti-musulmans » parce qu'il défend l'expérimentation d'une « tenue commune » dans son école. « Ce comité m'expose dangereusement en distribuant des tracts dans toute la cité », a-t-il témoigné sur X, ce lundi 29 avril.
Dans un de ces deux tracts que Marianne s'est procuré, il lui est par ailleurs reproché de s'être exprimé dans le média Causeur, « fondé par des personnalités d'extrême droite » et qui « s'est illustré dans son soutien à M. Zemmour ».
Dans un article publié le 6 avril, le directeur d'école évoquait un « entrisme politique de l'extrême gauche dans les salles de professeurs, (...) Lorsque ce discours est relayé (...) par les élus locaux, nous sommes en droit de nous demander où vont notre école et ses valeurs de neutralité idéologique.
Quand ce sont les mêmes qui remettent en cause nos principes de laïcité face à une actualité de plus en plus brûlante au sujet de l'entrisme islamique, nous pouvons franchement questionner les liens des uns avec les autres. »
À l’origine de ces tensions à Neuilly-sur-Marne, l'intention du directeur d’adopter la « tenue commune » dans le cadre d’une expérimentation souhaitée par le président de la République et le Premier ministre.
Lorsqu'Emmanuel Macron dévoile en direct à la télévision, le 16 janvier, une carte de France des écoles expérimentatrices mentionnant Neuilly-sur-Marne et quelques dizaines d'autres communes, parents, enseignants, élus s'étranglent car personne n'a encore eu le temps d'être consulté.
« Le directeur d’école est alors devenu la cible des opposants à cette décision qui ont concentré leurs attaques sur sa personne bien qu’elle ait ensuite été prise démocratiquement et que l’expérimentation de la tenue commune bénéficie du large soutien des parents d’élèves et de la municipalité de Neuilly-sur-Marne », souligne René Chiche du syndicat Action et démocratie CFE-CGC, auquel appartient le directeur.
Quatre écoles sur les dix de Neuilly-sur-Marne sont censées adopter cette tenue à la rentrée, après consultation.
Des militants locaux de la France insoumise opposés à la mairie de droite mais aussi des professeurs affiliés à Sud éducation et au Snuipp-Fsu soutenus par des parents d'élèves ont fait savoir leur opposition au projet, le jugeant inutile.
Thomas Portes, notamment, député LFI de Seine-Saint-Denis s'est fendu d'une lettre, envoyée à plusieurs directeurs d'école pour manifester son hostilité à cette expérimentation gouvernementale, démarche que le syndicat dénonce, estimant qu'elle s'apparente à une forme d'intimidation.
« Les chicaneries autour du vêtement vont dès la rentrée fracturer les groupes et empoisonner la vie quotidienne de tous, car l’opposition reste importante », affirme depuis début avril un collectif local qui demande au maire de « retirer son projet insensé ».
Certains militants sont-ils allés trop loin ?
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