Dans le cadre de la Saison 23-24 du Domaine d’O
Les portes claquent, les placards sont à double fond, les garçons d’hôtels ont des sosies chez les maris trompés. C’est l’univers de Feydeau, délirant, burlesque. Un univers où les comédiennes et les comédiens de la Troupe, ici dirigés par Lilo Baur, sont comme chez eux. Rectification : sont chez eux.
Soit une paire de bretelles accusatrice, un hôtel très accueillant, un garçon d’étage qui est le portrait craché d’un mari en goguette… Soit également un lit tournant, un général sud-américain qui veut « touyer tout lé monde », un arbre de Noël rotatif et, évidemment des « Ciel ! Mon mari ! » à revendre… Inutile de chercher à raconter l’intrigue de La Puce à l’Oreille. Qui le pourrait ? Il suffit de se laisser embarquer dans cette mécanique du rire dont les rouages sont à l’épreuve du temps.
Lilo Baur, à qui l’on doit déjà avec la Comédie-Française un réjouissant Avare transplanté dans une station balnéaire, teinte ici de couleurs sixties ce délire de quiproquos où personne ne s’adresse au bon moment au bon interlocuteur. Et dans ce tourbillon de pastels, de costumes si délicieusement datés, elle dirige les comédiennes et comédiens du Français avec une précision qui tient à la fois du dessin animé et du grand burlesque de cinéma muet. Et c’est peu dire que la troupe est aux anges. Tous se délectent de cet ébouriffant capharnaüm d’images et de mots qui ne laisse pas une seconde le spectateur en repos.