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Date : 14-04-2024 09:12:54
Télérama a consacré un portrait de quatre pages à l’islamologue Gilles Kepel, dans lequel on nous annonce que celui-ci « fraye aujourd’hui avec les médias d’extrême droite ». Voilà une révélation qui n’est pas anodine et dont on a hâte de découvrir l’ampleur. Or qu’avons-nous pour preuve ? Que « s’il était invité de la matinale de France Inter le 25 mars, on lit désormais davantage Kepel dans les colonnes du JDD sauce Bolloré ou chez les médias d’extrême droite ».
Le politologue aurait donc le tort d’accepter de répondre aux médias de tout bord ? Voilà qui n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres du pluralisme et du débat démocratique. Mais ce n’est pas tout : en 2023, il a aussi « préfacé l’ouvrage de Florence Bergeaud-Blacker, une anthropologue prisée par l’extrême droite ».
ATTAQUES PERSONNELLES
On connaissait déjà l’accusation par association, « proche d’untel, lui-même proche de l’extrême droite ». Télérama va plus loin et invente l’éreintement par appréciation. Le journal rappelle également que son livre Prophète en son pays est « un brûlot » qui « donne à voir une rancune tenace ». Tout ce qui n’est pas bienveillant ne peut être que généré par des passions tristes.
Le reste n’est qu’une longue suite d’attaques personnelles de connaissances auxquelles se mêlent des critiques gratuites de son travail de chercheur. Il n’en faut pas plus pour que Télérama en déduise que, « de l’avis général », Gilles Kepel « a déserté de longue date le champ de la recherche ».
Si l’hebdomadaire n’est pas parvenu à trouver un seul contradicteur, ce ne peut être, hélas, que le fruit du hasard. La providence est si capricieuse.
Télérama moque aussi sa thèse selon laquelle il existerait « un djihadisme d’atmosphère ». « "C’est un concept au doigt mouillé, et surtout le marchepied parfait pour l’extrême droite", s’étrangle un chercheur. » Largement suffisant pour invalider le concept.
D’ailleurs, la démission du proviseur du lycée Ravel ou le passage à tabac de Samara attestent, s’il était besoin, l’inanité de cette thèse. « Qu’est-il arrivé au brillant politologue ? », se demande le journal. Pas grand-chose, si ce n’est, précisément, que, contrairement à Télérama, il a peu changé au cours de ces trente dernières années.
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