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Date : 08-02-2024 11:45:29
Attaque à la gare de Lyon : les troubles psychiatriques, un alibi bien commode
Éric Delbecque lepoint.fr
Je ne cesse pas d'être négativement impressionné, c'est-à-dire accablé, par la manière dont certains commentateurs ou acteurs des attaques du type de celle de samedi 3 février à la gare de Lyon interprètent ou même parfois transforment les faits… Une fois encore, le déroulement de cette séquence médiatique, du jeu des avocats et des petits commentaires des uns et des autres, me donne matière à penser. Je fais donc, hélas, comme de trop nombreuses personnes et je me permets de donner mon avis.
Un individu avec un titre de séjour italien, malien, vient en France pour tenter de tuer des Français, c'est-à-dire en préméditant un acte criminel, et voilà que son avocat, mais il n'est pas le seul (et, de sa part, on dira que c'est de bonne guerre), nous explique que cela n'a rien de politique et que le problème est psychiatrique !
Allons-y, prenons les mêmes et recommençons le sempiternel débat qui se réactive à chaque attaque au couteau (et/ou au marteau) depuis plusieurs années.
D'abord, notons que l'I3P (l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police) n'a pas constaté d'irresponsabilité pénale manifeste interdisant la poursuite de la garde à vue ; ensuite, l'assaillant a reconnu lui-même la préméditation, ce qui est généralement incompatible avec la folie pure et simple, c'est-à-dire l'abolition du discernement.
Tout mettre sur le dos de son état de santé mentale et s'appuyer exclusivement, ou principalement, sur ses médicaments antiépileptiques et antipsychotiques paraît un peu facile : en tout état de cause, quelques psychiatres spécialisés trouvent cela un peu court…
Que le motif religieux ne soit pas au centre de son acte, cela s'entend, même si l'on doit rester prudent à ce stade, comme le dit lui-même Laurent Nuñez, le préfet de police. En effet, le contenu « salafiste », disons plus sobrement islamiste, trouvé sur son compte TikTok, incite à la circonspection. Mais l'essentiel n'est sans doute pas là pour le moment.
Ce qui s'affirme au centre de cette tentative d'assassinat, c'est effectivement la motivation de l'acte : tuer des Français.
Les tuer par ressentiment alimenté, renforcé à chaque instant par le complotisme, par une sorte de galimatias mi-wokiste mi-décolonialiste, visant à mettre tout problème planétaire sur le dos de « l'Occident », dont la France serait l'un des plus « sataniques » représentants…
On voit bien finalement, pour surfer sur la sémantique képelienne, que l'auteur de cette agression pourrait bien symboliser l'émergence d'une sorte de radicalisme d'atmosphère, toujours au bord du basculement dans la violence, que tous les théoriciens et opportunistes du discours victimaire nourrissent désormais jour après jour.
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