C’est toujours triste de quitter un endroit où l’on sait qu’on ne reviendra jamais. Telles sont les mélancolies du voyage : peut-être sont-elles l’une des choses les plus gratifiantes du voyage.
Tout dépend de la valeur que nous accordons aux choses. C’est nous qui faisons la morale et la vertu. Le cannibale qui mange son voisin est aussi innocent que l’enfant qui suce son sucre d’orge.
Il aimait un livre parce que c’était un livre; il aimait son odeur, sa forme, son titre. Ce qu’il aimait dans un manuscrit, c’était sa vieille date illisible, les caractères gothiques bizarres et étranges, la lourde dorure qui chargeait ses dessins. C’étaient ses pages couvertes de poussière, poussière dont il respirait avec délices le doux et tendre parfum.
Par de petites ouvertures nous apercevons des abîmes dont les sombres profondeurs nous font défaillir. Et pourtant, dans l’ensemble, plane une tendresse extraordinaire.
Nous devons rire et pleurer, profiter et souffrir, en un mot, vibrer à notre pleine capacité… Je pense que c’est ce que signifie être vraiment humain.
Gustave Flaubert