1991. La guerre civile libanaise s’éteignait à peine et Wajdi Mouawad, 23 ans, écrivait les premières lignes de ce texte, matrice de ce qui, en trente ans, est devenu un formidable univers de théâtre. Tout est déjà là : le sourire malgré les bombes, la nostalgie d’un monde perdu, la douleur de l’exil…

Journée de noces… c’est un peu En attendant Godot au pays des cèdres ou Kafka en Méditerranée. Dehors, on entend tomber des obus. Le tonnerre s’en mêle. Mais dans cet appartement où cohabitent les générations, on s’obstine à préparer les noces de la fille aînée. Malgré l’électricité qui va et vient, malgré l’absence d’un fiancé qui, lui, ne viendra pas… On se jette des mots à la tête, on pleure, on rit, on se réconcilie. Tout Mouawad est déjà là : dans l’entrelacement de sa vie réelle d’exilé et de son imaginaire de créateur. Dans l’ombre portée de la guerre sur la vie d’une famille qui pourrait être la sienne. Cette nouvelle version créée ce printemps à Beyrouth a été traduite en arabe libanais. Et le choix de cette langue maternelle jusque-là enfouie sous le français lui donne une portée, une sincérité, une authenticité qui brouillent les repères entre théâtre et réalité.