Gaviota = mouette en français. Mouette comme le chef d’œuvre tchékhovien ? Presque. Il manque l’article devant Gaviota et cette absence le dit assez : on est là dans un Tchékhov revisité. Une re-visite respectueuse, admirative même. Mais que l’Argentine irise de couleurs inattendues.
Ils sont bien là : Nina qui se rêve actrice et deviendra la Mouette bientôt condamnée, Konstantin qui l’aime et qui la perd, Trigorine qui sait jouer des vanités d’Irina, la mère de Konstantin… Et Masha qui aime Konstantin et qui, ici, devient personnage pivot de ce théâtre d’ombres. C’est autour d’elle que se cristallise tout ce désenchantement tchékhovien, autour d’elle que se noient les aspirations au bonheur. Ils sont bien là mais Guillermo Cacace, enfant terrible de la scène argentine, ne les a pas convoqués à leur place habituelle. Ici, pas de scène : public et personnages s’installent à la même table, les verres de vin circulent comme chez Tchekhov la vodka… Et pour ajouter encore au décalage, il n’y a pas d’acteurs sur ce plateau partagé. Que des actrices qui jouent tous les rôles. En espagnol, exotisme supplémentaire. Mais il n’y a aucun irrespect dans cette approche. Le chef d’œuvre reste chef d’œuvre. Tout au plus le voit-on à travers un prisme qui renforce cette évidence : de Buenos Aires à Moscou, le mal de vivre, le mal d’aimer sont les mêmes.
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