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Date : 06-03-2024 19:45:42
La stratégie de la condamnation morale du Rassemblement national est vouée à l’échec. Combattre l’extrême droite implique de sortir du déni sur le déclin de notre pays. Récit d'une étrange capitulation face au Rassemblement national.
Par Nicolas Baverez Publié le 06/03/2024 à 18h00
Les élections européennes du 9 juin 2024 seront décisives pour la France comme pour l'Europe. Elles acteront la fin du quinquennat mort-né d'Emmanuel Macron et constitueront la rampe de lancement pour l'élection présidentielle de 2027. Elles peuvent déboucher sur la paralysie de l'Union à la suite de la conquête par les droites extrêmes d'une minorité de blocage au sein du Parlement européen, voire sur sa réorientation autour d'une convergence des droites. Elles prennent place dans un moment critique de l'Histoire où s'inscrivent l'accélération du décrochage de la France et la vulnérabilité de l'Europe, menacée par une longue stagnation, l'effondrement de sa compétitivité entre le renouveau industriel des États-Unis – porté par l'énergie bon marché et par l'IRA – et le dumping des exportations chinoises, et devant affronter enfin un péril existentiel – y compris nucléaire – que fait peser la Russie sur le continent.
Or, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le Rassemblement national aborde une élection majeure en situation de grand favori.
Devenu le premier parti de France, il caracole en tête des sondages avec 28 % des intentions de vote, dix points devant Renaissance et ses alliés. Contrairement à ses concurrents, sa tête de liste, Jordan Bardella, est charismatique et populaire, tandis que sa base électorale est solide et mobilisée.
Enfin, sa crédibilité pour exercer des responsabilités et redéfinir l'Union est renforcée par le ralliement de Fabrice Leggeri, ancien responsable de Frontex, qui illustre la pénétration du Rassemblement national au sein de vastes pans de l'appareil d'État.
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