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Date : 03-04-2024 08:14:03
. « Les plus modestes n’ont pas accès aux HLM »
Mandaté par la Fondapol et l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, le préfet Michel Aubouin souligne, dans un rapport, les dysfonctionnements du modèle HLM à la française.
En temps de crise du logement comme de dérapage des finances publiques, une question a curieusement échappé au débat public : celle du logement social. Plus pour très longtemps. Dans une collaboration inédite, la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), dirigée par Dominique Reynié, et l'Observatoire de l'immigration et de la démographie (OID), mené par Nicolas Pouvreau-Monti, signent une note édifiante que révèle Le Point, sur la réalité que cache le modèle – sans aucun équivalent en Europe – des HLM. Dans son étude fouillée, le préfet Michel Aubouin, ancien inspecteur général de l'administration et directeur de l'accueil et de l'intégration des étrangers, dresse un bilan du logement social. Extrêmement coûteux, à hauteur pour l'État de 34 milliards d'euros par an, celui-ci se révèle profondément inefficace « en ce que les plus modestes n'y ont pas accès ». Seuls 11 % des Français non immigrés en bénéficient.
A contrario, ses critères d'attribution conduisent à une surreprésentation des étrangers extra-européens parmi ses bénéficiaires. Ainsi, 57 % des étrangers et descendants d'étrangers en provenance d'Afrique sahélienne résident en logement social, à l'image de la moitié des immigrés algériens et de leurs descendants. Avec un taux de rotation annuel des occupants inférieur à 7 %, le modèle se révèle parfaitement inéquitable. Au point de créer « une rente de situation pour nombre de ses bénéficiaires qui, grâce au droit au maintien dans les lieux, y restent parfois sur plusieurs générations. » Là réside, pour Michel Aubouin, la plus grave anomalie du système français : Loin de favoriser la « mixité sociale », il aggrave les fractures territoriales jusqu'à devenir un frein à l'intégration. Le « phénomène de concentration » qu'il engendre accentue le caractère communautaire de quartiers entiers, souvent abandonnés à eux-mêmes. Pour l'auteur de 40 ans dans les cités (Presses de la Cité, 2019), l'urgence est à un moratoire sur le logement social et à une refonte des lois SRU et Dalo.
www.lepoint.fr/politique/exclusif-quels-sont-les-dysfonctionnements-du-modele-hlm-a-la-francaise-03-04-2024-2556686_20.php
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